Les paysans

Grues, Józef Chełmoński, 1870.

L’automne, de plus en plus profond, s’installait.

Des jours blafards se traînaient à travers les champs nus, muets, et agonisaient lentement dans les forêts — de plus en plus silencieux, de plus en plus exsangues, pareils à ces saintes hosties éclairées par la flamme expirante de cierges funèbres. Lire la suite → de « Les paysans »

La frontière

Portrait d’un homme en pull gris, Leopold Gottlieb, 1930.

La belle et brève carrière de Zenon Ziembiewicz, terminée de façon aussi grotesque et funeste, apparut maintenant, du fait même de ce dénouement saugrenu, sous un jour entièrement nouveau. Sa silhouette légèrement voûtée, notoirement connue, qui, presque quotidiennement, parcourait les rues de la ville dans une longue décapotable, son visage au profil busqué et à la mâchoire allongée d’ascète, plaisant, voire racé, pour les uns, odieux et jésuite pour les autres, son comportement dans différentes situations, certains de ses propos restés dans les mémoires, tout cela prenait maintenant une tournure bien différente. Lire la suite → de « La frontière »

La sécheresse

Vente de boissons gazéifiées sur une promenade, 1969.

Les grandes chaleurs d’été, qu’on ne connaît presque plus aujourd’hui, jouaient jadis un rôle plutôt important dans notre climat. Elles sévissaient habituellement aux mois de juin, de juillet et d’août, même si elles pouvaient tout aussi accabler mai et septembre d’un soleil impitoyable. Quand ces lointaines îles blanches d’un climat disparu me reviennent aujourd’hui en mémoire, des souvenirs colorés m’assaillent comme une nuée d’oiseaux exotiques. Lire la suite → de « La sécheresse »

L’étrangère

Portrait de madame Błeszyńska, Leopold Gottlieb, 1934.

Rose décida de se venger. De la Pologne, où le malheur lui était arrivé, et des hommes. Sa beauté éclatait alors comme des habits princiers ; dans la rue, toutes les têtes se retournaient sur son passage. Elle ne voulut point de jolis damoiseaux ni de vieillards puissants ; elle le voulut lui, Adam, paisible et insignifiant, pour l’écraser sous le poids de sa beauté, lourde comme un immense bloc de pierre. Lire la suite → de « L’étrangère »

La terre promise

Usines, Karol Hiller, 1929.

Les machines à vapeur tour à tour tiraient les cordes des wagons remplis, s’entrecroisaient, enlevaient des wagons vidés, vomissaient des tourbillons de fumée, puis, en sifflant, en rugissant, en s’entrechoquant avec un bruit métallique, traversaient les fumées et les poussières ou, décrochées des trains, glissaient vers les remises avec un hurlement terrible. Lire la suite → de « La terre promise »